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La réintroduction du bar rayé dans le fleuve en vue de le pêcher
La réintroduction du bar rayé dans le fleuve en vue de le pêcher
Texte mis à jour le 13 août 2024
Le bar rayé du fleuve Saint-Laurent est une espèce qui a d’abord été pêchée commercialement au début du 20e siècle, puis qui a été déclarée disparue à la fin du même siècle.
Le poisson qui avait fait le bonheur des pêcheurs sportifs par sa combativité, a été réintroduit dans le fleuve lors de l’Opération Renaissance, menée par la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs à partir de 2001.
Aujourd’hui les prises accidentelles sont nombreuses ; le bar est à nouveau abondant dans le fleuve. Toutefois, les mesures administratives qui avaient été prises par les autorités pour protéger le bar rayé dans la période de réintroduction empêchent maintenant les pêcheurs de profiter de la présence du poisson. La FédéCP réitère régulièrement sa demande auprès des instances législatives de retirer le bar rayé de la liste des espèces en péril et ainsi d’amorcer le processus d’ouverture de la pêche, ce qui constitue l’objectif de base de l’Opération Renaissance.
Vous avez déjà pêché le bar rayé en Gaspésie ? C’est tout à fait correct : il s’agit d’une population différente de bar rayé.
En effet, il existe deux populations qu’on peut rencontrer au Québec :
Le bar rayé se trouvait en abondance dans le fleuve Saint-Laurent, du lac Saint-Pierre à Kamouraska, au début du 20e siècle. Sa chair blanche et délicieuse était particulièrement convoitée par les pêcheurs commerciaux, qui retiraient des eaux de 10 à 50 tonnes de bars rayés par année. Les pêcheurs sportifs, quant à eux, appréciaient le poisson pour sa grande combativité.
Dès 1955, la population de bars rayés a commencé à chuter. À partir de ce moment, les captures se sont raréfiées pour finalement disparaître complètement des pêcheries commerciales en 1965, puis de la pêche sportive peu de temps après. Il s’agit de la seule espèce de poisson disparue du Saint-Laurent.
L’hypothèse la plus probable expliquant cette disparition est que le dragage du fleuve aux fins de circulation maritime a confiné la population dans le secteur de Montmagny, où les bars ont subi une surexploitation par les pêches commerciales et sportives.
Vers la fin des années 1990, constatant que la santé du fleuve s’était améliorée et que les facteurs ayant causé la disparition du bar pouvaient être contrôlés, des membres de la FédéCP ont réfléchi à l’idée de réintroduire le bar rayé dans le fleuve. Le projet a été soumis pour évaluation à un comité consultatif composé de représentants des deux paliers de gouvernements et de scientifiques. En juin 2001, ce comité a émis un avis favorable à la réalisation du projet et a déposé un plan d’action, dont le cœur était une stratégie d’ensemencement de bars élevés en pisciculture à partir de géniteurs provenant de la rivière Miramichi.
C’était le début de l’Opération Renaissance, dont la FédéCP a assumé la direction. Le document d'information produit par les partenaires en 2002 contient quelques anecdotes et photos historiques concernant la pêche au bar rayé. Consultez-le ici.
Afin d’entamer le programme d'ensemencement, 2 185 jeunes bars ont été capturés dans la rivière Miramichi le 22 juillet 2002. Environ la moitié ont été ensemencés à la hauteur de Saint-Jean-Port-Joli, une région offrant des conditions favorables de température et de salinité pour l’espèce. Les autres ont été acheminés vers la pisciculture de Baldwin-Mills afin de servir de géniteurs pour la production éventuelle de bars juvéniles, toujours à des fins d’ensemencement.
Au total, entre 2001 et 2013, quelque 34 millions de larves, 17 000 juvéniles et environ 3 500 bars adultes ont été libérés dans le fleuve.
Outre sa participation aux travaux pratiques d’ensemencement, la FédéCP a procédé à de nombreuses actions de sensibilisation au projet, que ce soit auprès des élus, des pêcheurs ou des communautés riveraines.
La FédéCP est extrêmement fière d’avoir mis en œuvre l’Opération Renaissance dans le but de voir le retour de la pêche sportive. Il s'agit d'un des projets fauniques les plus ambitieux à avoir été réalisés au Québec, qui démontre l'importance pour notre organisation et nos membres de participer à la sauvegarde de la biodiversité.
Très tôt après le début des ensemencements, les pêcheurs sportifs ont commencé à attraper des bars. Ces prises étaient tout à fait surprenantes considérant le nombre limité de bars qui avaient été ensemencés. Fait tout aussi étonnant, les captures s’étendaient jusqu’à la rivière Richelieu alors que les ensemencements avaient lieu à partir de Québec vers l’est. Le poisson voyageait à toute vitesse et s’attaquait aux leurres sur son chemin. Le potentiel de pêche se révélait déjà fort.
Le ministère des Ressources naturelles, de la Faune et des Parcs du Québec a mis sur pied en 2004 un réseau de suivi basé à la fois sur la participation de pêcheurs commerciaux et sur des inventaires fauniques. Ce réseau a démontré la croissance surprenante de la population.
La reproduction naturelle du bar a été confirmée dès l’automne 2008 par les spécialistes du Ministère.
Par la suite, les signalements de captures accidentelles n’ont cessé d’augmenter. Grâce aux travaux de suivi du ministère, deux sites majeurs de fraie ont pu être localisés, soit à la hauteur de Montmagny et dans la baie de Beauport.
En 1996, le Comité consultatif sur la faune menacée ou vulnérable de la Société de la faune et des parcs du Québec (FAPAQ) donnait au bar rayé du Saint-Laurent le statut d’espèce éteinte. (De nos jours, aucun statut n'est toutefois attribué au bar rayé par Québec selon la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables.)
En 2004, le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a attribué au bar rayé le statut d’espèce disparue.
Afin d’optimiser la protection d’une espèce en croissance, mais encore fragile, le gouvernement fédéral a ajouté le bar rayé à la liste des espèces en péril en 2011, ce qui lui confère une protection particulière selon la Loi sur les espèces en péril.
De cette action a découlé la formation du comité de rétablissement du bar rayé, formé de représentants des gouvernements fédéral et provincial ainsi que des organismes comme la FédéCP. La mission du comité est de mettre en œuvre les actions du programme de rétablissement. Le comité est encore actif à ce jour, mais la FédéCP s’en est retirée au début 2024.
Puisque le bar rayé nageait à nouveau dans le fleuve, le statut d’espèce disparue ne lui convenait plus. Le COSEPAC a donc ajusté le tir en 2012 pour le désigner comme espèce en voie de disparition. Ce nouveau classement, contre tout espoir, n’autorisait toujours pas la pêche. On note déjà que le processus législatif, visant à gérer les populations en déclin, n’est pas adapté à la réalité du bar rayé qui était plutôt en pleine croissance.
Revirement de situation : plutôt que de dédouaner le bar pour la pêche en lui attribuant un statut moins restrictif, le COSEPAC a annoncé en 2019 que le bar rayé de la population actuelle du fleuve Saint-Laurent ne peut pas être considéré comme issu de la population historique, qui est bel et bien disparue. Le bar réintroduit forme donc une population distincte. Selon nos observations et les données recueillies par Québec, le bar nage en abondance dans le fleuve et ne devrait donc pas bénéficier d’un statut particulier visant sa protection.
Le COSEPAC a maintenant le mandat d’évaluer la nouvelle population de bar afin de régulariser son statut. L’évaluation devait être faite en 2022 et ainsi mener le gouvernement fédéral à retirer le bar de la liste des espèces en péril. Cette action ouvrirait la porte à l’autorisation de pêche. Malheureusement, le COSEPAC a reporté la réalisation d’une nouvelle évaluation du bar. À ce jour, l’évaluation n’a toujours pas été faite.
Dès les premières phases d’ensemencement, des mesures ont été prises par la FédéCP afin de communiquer aux pêcheurs sportifs et commerciaux l'importance de remettre à l'eau les bars capturés pour ne pas ralentir la reconstitution de la population.
En début d’année 2024, la FédéCP a lancé une pétition qui fait cette même demande au gouvernement canadien. La pétition certifiée, rassemblant 5914 signatures, a été déposée par le député Joël Godin. La réponse du ministère des Pêches, des Océans et de la Garde-Côtière consiste globalement en un refus d'accélérer le processus.
Consultez notre réaction à la réponse du MPO
En considérant le portrait d’occupation du fleuve par le bar et les signalements de l’espèce, le bar est non seulement loin d’être en danger, mais plutôt le futur roi de cet écosystème. Nous jugeons que le fait de ne pas agir rapidement a pour effet de maintenir une pression sur les autres espèces qui occupent les mêmes milieux que le bar.
En juin 2021, le rapport final de l’Agence d’évaluation d’impact du Canada concluait que la réalisation du projet Laurentia, le projet d’agrandissement du port de Québec, était susceptible d’entraîner des effets environnementaux négatifs, dont certains sur le bar rayé qui se trouve sur la Liste des espèces en péril du Canada. Pourtant, comme expliqué plus haut, le bar du fleuve ne devrait plus profiter d'aucune désignation d’espèce en péril. Le bar a-t-il donc été utilisé à tort comme un des arguments environnementaux qui empêchent la réalisation de Laurentia?
Dans Charlevoix, une entreprise de pêche traditionnelle à la fascine visant principalement le capelan se retrouve avec de plus en plus de bars rayés dans ses filets. Prédateur opportuniste, le bar rayé dévore le capelan avant de se sauver hors des filets et de retourner au fleuve.
Ayant étudié le bar rayé dès 1988, Jean Robitaille est un expert qui a grandement contribué à la mise sur pied de l’Opération Renaissance.
En 2003, la fondation a fourni une importante contribution financière de 530 000 $ pour la mise à niveau des installations de la pisciculture gouvernementale de Baldwin-Mills. C’est ainsi qu’a été assurée la production de larves de bars, ainsi que la croissance des bars adultes, qui ont servi à générer une nouvelle population dans le fleuve.
Dès la proposition de réintroduction du bar rayé, le ministère provincial responsable de la Faune attribue des ressources à la réalisation et au suivi de ce projet ambitieux.
Cette distinction rend un hommage d’envergure nationale et récompense des efforts de conservation de la faune et de la flore.
Le programme du Prix national de la pêche récréative au Canada, mis sur pied par Pêches et Océans Canada, rend hommage à une personne ou à une organisation qui a contribué à la conservation, au rétablissement et à la mise en valeur de la pêche récréative et de l'habitat du poisson au Canada.
Balado de Saumon Québec au sujet du bar rayé et de son interaction avec le saumon
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