Restauration du lac Florentien ; un succès qui fait des heureux!
Entretien avec Jacques Cormier, président de l’Association de chasse et pêche de Val-d’Or
Directeur d’école de carrière, M. Cormier n’a pas peur des grands projets, de l’organisation et du temps que ça demande. Ce retraité est impliqué dans les dossiers fauniques de sa région depuis 1980. Son intérêt pour la protection de la faune vient de ses valeurs familiales. L’éducation est au centre de ses préoccupations, même lorsqu’il est question de pêche! Voici un projet dont il est très fier : la réouverture de la pêche au lac Florentien.
Préparation, action, sensibilisation
Lorsque l’on parle de poissons en Abitibi, on pense tout de suite au doré, au brochet ou à la perchaude. Les cours d’eau et les lacs à truite y sont très rares. Toutefois, à 40 km de Val-d’Or existe, sur des terres publiques, un ensemble hydrologique supportant une population d’ombles de fontaine (ou truites mouchetées). Il y a plus de six ans déjà, un comité d’une dizaine de bénévoles est mis en place afin de réaliser un plan d’action pour la réouverture de ces plans d’eau prévue pour 2016. Le responsable du comité est M. Daniel Poulin, supporté par M. Jean-Pierre Hamel, biologiste au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP). M. Hamel travaille depuis une vingtaine d’années sur la vitalité et la viabilité du lac Florentien. Il est une ressource importante qui a contribué significativement au succès de la restauration et la préservation de la zone récréative du lac Florentien. Le MFFP, la Fondation de la faune du Québec, Hydro-Québec et l’Association de chasse et pêche de Val-d’Or ont investi temps et argent dans ce secteur, soit environ 165 000$.
Les objectifs de départ du projet étaient :
- Éliminer les espèces introduites.
- Restaurer la population d’ombles de fontaine, tout en conservant la génétique du lac.
De 2010 à 2015, le plan d’eau a donc été fermé à la pêche, il a subi un traitement à la roténone suivi d’ensemencements massifs. Les conditions biologiques étant maintenant en place, les prochains objectifs étaient de taille :
- Rendre le lac accessible à tous (pêcheurs sportifs, familles, activités de relève), tout en assurant une surveillance adéquate.
- Aménager un accès à la zone récréative et restaurer les berges pour éviter l’érosion des sédiments vers le lac, tout en gardant le site naturel.
- Faire une cueillette de données quantitative et qualitative du prélèvement de l’omble de fontaine.
- Sensibiliser et former les pêcheurs aux caractéristiques fauniques et aquatiques de l’omble de fontaine dans un contexte de préservation de la ressource.
C’est à ce moment, en 2016 et 2017, que l’aide financière d’Héritage faune, de la MRC La Vallée-de-l’Or et de plusieurs autres partenaires locaux s’est avérée essentielle.
“Cette aide fut une belle nouvelle pour les bénévoles et une sorte de reconnaissance de leur travail déjà accompli depuis six années sur ce projet.”
De plus, les travaux relatifs à la restauration du lac Florentien se sont concrétisés en une reconnaissance importante lorsque les diverses instances gouvernementales et municipales ont attribué à cette zone, incluant sept petits lacs et le lac Florentien, la désignation de zone récréative. Cet acquis lui confère une protection faunique et aquatique supplémentaire.
“C’est bien beau mettre six années d’efforts acharnés à la restauration de la population d’ombles de fontaine du lac Florentien, mais il fallait s’organiser pour qu’ils ne soient pas vains. Les bénévoles et le MFFP se sont donc entendus sur la mise en œuvre de stratégies pour donner un message clair aux utilisateurs sur la préservation de la ressource à long terme.”
Dans le projet, il était primordial d’avoir un impact éducatif et de sensibilisation auprès des pêcheurs et du public pour préserver la ressource dans le temps. Le lac Florentien est un joyau accessible qui doit bénéficier d’une gestion efficace; une gestion libre ou un laisser-aller entraînerait un retour à la case départ. Des travaux pour améliorer l’accès ont été réalisés à l’été 2016. Une roulotte pour l’équipe de gardiens bénévoles, surnommés les Amis du lac Florentien, a été installée, de même qu’une station de lavage mobile pour les embarcations et une station d’enregistrement. Le plan de communication est aussi primordial pour la pérennité du projet. Les pêcheurs, tout comme la population, sont sensibilisés par des panneaux explicatifs, des pochettes d’information, des conférences de presse, une couverture médiatique importante ainsi que la présence des bénévoles et des agents de protection de la faune sur le site.
Qu’en est-il de la pêche?
Le 1er août 2016 est la date qui restera gravée dans la mémoire de M. Cormier et de ses acolytes : c’est le jour de la réouverture tant espérée de la pêche à la truite au lac Florentien. Tout était en place pour l’accueil des pêcheurs qui ont été très nombreux! Après 7 jours de pêche, 468 pêcheurs avaient capturé 2 082 truites, avec un quota de 5 prises par personne! Il n’y a pas de doute, ça mord! Le comité et le MFFP ont joué de prudence et ont fermé la pêche dès le 8 août.
“Après tous les efforts investis, nous préférions appliquer le principe de précaution.”
Pour 2017, la pêche sera ouverte du 8 au 15 août seulement, avec une limite de prise de 3 ombles de fontaine. Les études se continuent sur la population de poisson afin d’en analyser les stocks et de réglementer en conséquence. Les Amis du lac Florentien seront à pied d’oeuvre pour continuer d’amasser les statistiques de pêche, faire la surveillance du site et la sensibilisation des visiteurs.
Le défi se poursuit
Avec un succès de pêche aussi retentissant, ce joyau ne restera pas méconnu. Les efforts se poursuivront donc au niveau des infrastructures et de la surveillance. La bonne collaboration des pêcheurs est nécessaire, tout autant que celle entre l’Association de chasse et pêche de Val-d’Or, le MFFP et les agents de protection de la faune. L’Association veut aussi augmenter significativement la banque de bénévoles des amis du lac Florentien. L’aventure de la restauration de cette zone récréative ne pourrait se poursuivre sans la passion des bénévoles pour la protection de la faune et l’appui continu du MFFP, des instances municipales et gouvernementales ainsi que des nombreux commanditaires locaux.
“Une fois que la restauration est faite et que le succès est au rendez-vous, le vrai défi est de la maintenir. Le financement annuel est un enjeu important pour assurer une bonne gestion du secteur par les bénévoles. Ceux-ci doivent être soutenus sur le plan professionnel et légal et guidés dans l’ensemble des interventions pour assurer la pérennité de la ressource et ses habitats. Les bénévoles se fidélisent et se mobilisent si le projet a du succès. Le succès attire le succès!”
Le projet de restauration du lac Florentien est un exemple concret que le partenariat entre le ministère et les pêcheurs fait avancer les choses. L’un comme l’autre n’aurait pu y arriver seul. Nous félicitons donc les efforts des intervenants locaux et des bénévoles et souhaitons une longue vie à ce site faunique exceptionnel de Val-d’Or.
TVA Abitibi-Témiscamingue a réalisé un reportage sur le projet. Visionnez-le ici !
Crédits:
Vidéo : Michel Brière
Photos : Kathleen Poirier et Jean-Pierre Hamel
La FédéCP remercie Jacques Cormier, Daniel Poulin, le conseil d'administration de l'Association chasse et pêche de Val-d'Or, de même que tous les collaborateurs de ce projet.
Ce projet n’aurait pas eu lieu sans l’apport des dons remis à Héritage faune, la première fondation québécoise à se donner pour mission la restauration des habitats fauniques et le développement de la relève.
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