Notre site utilise des cookies pour améliorer votre expérience de navigation. En continuant à utiliser ce site, vous acceptez notre utilisation des cookies conformément à notre politique de confidentialité.

Le sébaste, un poisson qui a du piquant!

 

Ce portrait faunique est rendu possible grâce à la participation de l'Aquarium du Québec, un établissement de la Sépaq.

 

Ce poisson à la grosse tête a plus d’un tour dans son sac. Sa longévité a de quoi faire des jaloux et il est bien outillé pour faire fuir ses prédateurs. Alors qu’on craignait pour sa survie en 2010, il est redevenu le roi du golfe Saint-Laurent. Gros plan sur une espèce fascinante.

 

 

Le « poisson rouge »

Communément appelé le poisson rouge par les pêcheurs, sa couleur varie selon l’espèce. De l’orange au rouge vif, en passant par le noir, le jaune et le gris, sa coloration peut être unie ou parée de taches et de rayures. Avec sa tête proéminente, son corps oblong, sa bouche oblique et ses grands yeux, il ne passe pas inaperçu.

 

 

Comme ce poisson apprécie les fonds rocheux et vit en eau froide à tempérée, entre zéro et vingt degrés, on le retrouve dans l’océan Atlantique et Pacifique. On le rencontre à des profondeurs qui varient entre 0 et 3000 mètres. Comme de nombreux autres poissons, il est doté d’une vessie natatoire, une poche de gaz leur permettant de contrôler leur flottabilité. S’il est remonté trop rapidement à la surface par des engins de pêche par exemple, le sébaste n’a pas le temps de libérer le gaz contenu dans sa vessie natatoire qui finit par gonfler dans son corps, entraînant le gonflement de ses yeux. Le plus gros spécimen a atteint 120 cm de long pour un poids de 28 kilos.

 

Il existe plus d’une centaine d’espèces. Dans la portion nord-ouest de l’Atlantique, le sébaste atlantique (Sebastes mentella), le sébaste acadien (Sebastes fasciatus) et le sébaste orangé (Sebastes marinus) sont les plus fréquemment rencontrés. Le terme sébaste désigne d’ailleurs un genre plutôt qu’un poisson.

 

Attention, danger

Sa nageoire dorsale comporte une quinzaine d’épines munies de glandes à venin à leur base. Une fois injecté, ce venin provoque une vive douleur et peut entraîner de graves conséquences. En plus de l’engourdissement du membre touché, il peut parfois conduire à un choc anaphylactique.

 

Ce carnivore se délecte de petits poissons et d’invertébrés, comme les crevettes. Il doit tout de même se méfier des autres poissons, comme la morue, la baudroie, le flétan et même les phoques qui sont ses principaux prédateurs. C’est à l’automne que le frai a lieu. Le sébaste est ovovivipare, ce qui veut dire que les œufs éclosent et se développent à l’intérieur de la femelle, qui libère les larves au printemps.

 

Une impressionnante longévité

On peut dire que le sébaste aime prendre son temps. Sa croissance est très lente et il atteint la maturité sexuelle bien tardivement. Cette étape est déterminée par la taille de l’individu et elle arrive généralement vers l’âge de 10 ans.

 

De plus, sa longévité est élevée si on la compare aux autres espèces qui vivent en eau salée et qui ont une espérance de vie d’environ 20 ans. Des spécimens atteignent 80 ans, plusieurs espèces dépassant 100 ans avec un record de longévité de plus de 200 ans pour le sébaste du Pacifique. Impressionnant, non!

 

Toutefois, cette longévité inespérée a un revers. Combinée à une croissance lente et une maturité tardive, elle rend les sébastes particulièrement vulnérables aux menaces extérieures. La pêche dirigée et les prises accidentelles lors de la pêche des autres espèces constituent les principales menaces qui pèsent sur eux.

 

Le sébaste et la pêche

 

 

Les sébastes présentent un attrait commercial grandissant depuis quelques années. Il faut remonter aux années 1960 pour voir apparaître les premières pêches de ce spécimen, dans la portion nord-ouest de l’océan Atlantique, et elles se sont intensifiées au fil des ans. Mais la forte pression de pêche a conduit à une diminution et même à l’effondrement de certains stocks.

 

Dans le golfe Saint-Laurent, un moratoire a été imposé en 1995 par Pêches et Océans Canada. D’ailleurs, les pêcheurs sont toujours en attente de la levée de ce moratoire puisque la population de sébastes a connu une augmentation fulgurante.

 

Avec une biomasse de plus de quatre millions de tonnes, ce poisson est devenu l’une des espèces les plus abondantes dans cette étendue d’eau. Ce revirement pourrait s’expliquer par des facteurs environnementaux, comme la température de l’eau qui favoriserait la survie des larves. Actuellement, la zone nord-est de l’océan Arctique fournit la presque totalité des captures mondiales. 

 

Il faut savoir que le sébaste est également très prisé par les amateurs de pêche sportive! Sa couleur rouge éclatante, ses yeux exorbités et son côté exotique attirent de nombreux pêcheurs sur glace.

 

Présent dans le fjord du Saguenay, le sébaste atlantique (S. mentella) est emblématique de la pêche blanche et représente à lui seul les trois quarts des captures effectuées par les pêcheurs de poissons de fond en hiver.

 

 

Les défis

Le type de pêche associé aux sébastes est préoccupant pour les écosystèmes. Il est pêché par chalutage, qui consiste à traîner un gigantesque filet sur les fonds marins pour amasser ce qui s’y trouve. Cette technique est destructrice des habitats puisque le filet utilisé entraîne sur son passage, pas seulement les poissons, mais déplace aussi les roches et les végétaux qui s’y trouvent. De plus, elle est non sélective des tailles des poissons et des espèces récoltées.

 

On peut dire que les défis sont nombreux. En plus de tout mettre en œuvre pour une pêche durable qui permettrait de sélectionner les poissons suffisamment grands, l’industrie devra aussi développer de nouveaux marchés et reconvertir les usines. Ces enjeux impliquent de nouveaux procédés de pêche et de meilleurs modes de gestion.

 

Le saviez-vous ?

  • Les espèces mentella et S. fasciatus sont classées « Menacées » par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada
  • Les sébastes et les rascasses ont des ressemblances, à un point tel que certains restaurateurs et poissonniers trompent leurs clients en faisant passer le sébaste nordique pour la rascasse méditerranéenne! Mais seule l’espèce mentella peut porter le nom de « rascasse du Nord ».