Pêche à la rivière aux Rochers

Par Émile David et sa gang de Hooké

9 juin 2015 

Le soleil se lève sur la fosse no9 de la rivière aux Rochers à Port-Cartier. Tout est tranquille, pour l'instant. Au loin, le claquement des portes d'un van se fait entendre et bientôt, trois silhouettes se découpent à l'horizon. Elles approchent maintenant, de plus en plus près, suffisamment pour qu'on discerne cannes et caméras à leur main.  La seule chose qu'on n'arrive toujours pas à déterminer, c'est leur accent. Chiac? Ontarien? Québécois? Et cette question d'en amener une autre; que font-ils si tôt ce matin, si loin de chez eux?

Ils pêchent le saumon.

 

 

 

Initialement en voyage au fin fond de la Côte-Nord pour filmer sur le lac Walker, on n'avait pu s'empêcher de tourner notre regard vers la rivière à saumon qui coulait à travers Port-Cartier une fois le tournage terminé. Stuart venait d'arriver de l'Ouest et on avait hâte de lui faire connaitre un peu de la magie de l'Est.

 

Première drop; Stuart et Hugo sont installés sur le bord de la fosse, ils me regardent lancer. C'est rien de joli, mais ça fait la job. Stu me nargue, j'accroche un saumon, je nargue Stu. Quelques minutes plus tard, le poisson se décroche. Nous pêchons le reste de l'avant-midi sans faire bouger autre chose.

 

 

En soirée, nous changeons de fosse. Cette fois on est rejoint par Alexandre, Dany et quelques autres locaux. Les gars sont confiants, c'est un des meilleurs spots à ce temps-ci. On s'échange de la bière, des histoires et quelques trucs de pêche.

 

«N'oubliez pas de passer une mouche derrière la grosse roche.»

 

Stu fait une première passe, prend un saumon, son premier. On vire fou. J'attends quelques minutes et passe à mon tour, sans succès. Stu y retourne et accroche un deuxième saumon. Le combat dure jusqu'à ce que le poisson se décroche en arrivant près de la berge. Le soleil a baissé rapidement et il me reste à peine le temps pour une dernière passe. Je commence en haut de la fosse et descends tranquillement vers le bas. Il fait de plus en plus noir, la fosse achève, l'espoir baisse. J'arrive en bas de la fosse, je m'apprête à ranger ma canne. La grosse roche. Je passe une mouche, deux mouches, trois mouches. Une gueule immense sort des flots noirs de la rivière aux Rochers pour engloutir ma mouche. J'hurle, je ferre, le saumon part dans les rapides, je perds toute connexion avec la réalité, il n'existe que deux choses sur terre: ce saumon-là et moi. Après les plus longues minutes ne s’étant jamais écoulées, je mets la main sur mon premier saumon de la saison. Il repart au fond de la rivière, nous on repart vers Québec.

 

 

 

 

 

Au final, en voyage au fin fond de la Côte-Nord pour filmer le lac Walker, on a trouvé des gens passionnés, on a découvert un nouveau spot où nous retournerons un jour. Un jour, mais pas tout de suite, il reste encore trop de choses à voir, de gens à rencontrer, de grosses roches à trouver.

 

 

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- Émile David