Aventure et pêche sportive dans les eaux hawaiennes
avec Sullivan d'Anjou
En 2016, on est dans l’air des médias sociaux. En quelques clics et à l’aide de quelques clichés, on peut contrôler l’image que l’on projette. Étant un passionné de pêche, et bien, vous l’aurez deviné, je partage des photos de poissons. Pour monsieur-madame tout le monde, je suis un fou des poissons. En effet, peut-être que je le suis. Mais est-ce si simple que ça? Est-ce que c’est seulement dans le fait d’être un "attrapeur de poissons" que l’on peut résumer ma personnalité? Sullivan D’Anjou : attrapeur de poisson? En vérité, c’est beaucoup plus complexe que ça. La pêche, pour moi, c’est bien plus que le poisson. C’est avant tout l’aventure. Le poisson c’est le bonus.
La pêche est une excuse pour me pousser à sortir de ma zone de confort. Lorsque j’explique à mon entourage que mon activité favorite est de parcourir des centaines, voir des milliers, de kilomètres, afin de prendre des poissons pour ensuite les relâcher dans leur habitat naturel, on me prend pour un fou. Bien souvent, on ne me comprend pas… J’en entends parfois même rire quelques-uns! Cependant, dans ce monde de consommation, auquel j’ai souvent de la difficulté à m’identifier, ma source de bonheur réside dans les aventures de pêche que je vis. Comme la sagesse orientale le suggère, le bonheur ne se trouve pas dans l’obtention de l’objet de nos désirs. Le bonheur, c’est le chemin que l’on emprunte, car une fois l’objectif atteint, le plaisir n’est qu’éphémère. En m’inspirant du philosophe français Frédérique Lenoir, je décrirais le bonheur comme un état d’esprit, un chemin qui nous fait vivre le moment présent.
Ce qui est magnifique avec la pêche, c’est que des chemins, il y en a des milliers. C’est un univers sans fin. Oui, dans la communauté des pêcheurs sportifs, on rêve tous d’attraper des spécimens qui sortent de l’ordinaire. Cependant, la capture de ce genre de poissons est occasionnelle et ne procure qu’une euphorie passagère. Est-ce seulement pour prendre du poisson que l’on pêche? bien sûr que non. Ce qui est magnifique avec la pêche, c’est d’être capable de vivre le moment présent à 100 % et de se sentir connecté avec la nature. C’est de vivre des aventures qui demandent le dépassement de soi. Comme Mario Viboux le mentionne dans son livre Le bonheur au bout de la ligne, un voyage de pêche commence chez soi. C’est bien avant le moment de partir vers le plan d’eau que le tout se met en branle. En effet, dès le moment où l’idée d’un voyage de pêche se forme dans notre esprit, on pêche déjà...
Mes premières expériences avec le Bonefish
C’est donc en décembre 2015 que j’ai commencé à pêcher le bonefish d’Hawaii. L’aventure débute lors d’une banale discussion de cuisine avec ma copine Isabelle. En effet, c’est en rêvassant d’un voyage futur dans un endroit paradisiaque que je lui confie qu’Hawaii est l’une des destinations qui m’attire le plus au monde. J’ai à peine terminé ma phrase qu’elle est déjà sur le Web en train de vérifier les prix des vols en direction d’Honolulu. Après l’analyse de nos budgets respectifs, on en conclut qu’en vivant de manière très rudimentaire, on a les moyens de décoller pour un mois vers l’archipel d’Hawaii. Malgré une certaine hésitation, je décide de me lancer afin de vivre ma vie au fond, de tester mes limites. J’ai envie de me mettre à l’épreuve. Hawaii, c’est bien beau : de belles plages, des surfeurs, de la chaleur et des volcans. Oui, Hawaii c’est d’abord tout ça, mais pour un adepte de pêche à la mouche, c’est aussi un endroit où l’on retrouve les plus gros bonefish au monde. Après quelques recherches Google, je prends connaissance du défi que j’ai devant moi. En tant que moucheur, je connais la réputation de ce poisson des eaux chaudes : rapides, invisibles, nerveux. En poursuivant mes lectures, je découvre que l’archipel d’Hawaii abrite une population de bonefish géants et très éduqués. Par l’entremise des médias sociaux, j’entre en contact avec des moucheurs locaux. Très sympathiques, ils me donnent de précieuses informations sur les endroits pour pêcher et sur les techniques les plus efficaces. C’est avec Mike Hennessy, un guide réputé, que je dialogue le plus. Ce dernier m’offre même d’aller pêcher avec lui gratuitement dans son bateau, à la fin du mois de mai.
Après avoir passé l’hiver à nous préparer, nous voilà au début du mois de mai 2016. C’est le départ. L’excitation est à son comble! Après un vol éreintant, on arrive enfin sur l’île d’Oahu. Au cours du mois, on a fait du camping presque tous les jours. Cuisinier sur notre petit poêle au propane et se faire déranger pendant nos repas par les dizaines de poules sauvages faisait partie de notre quotidien. On a eu la chance de visiter la majorité de l’île, car nous avions loué une vieille Chevrolet Impala toute bossée. Elle roulait et c’est tout ce qui nous importait. À l’aide de notre modeste bolide, on découvre de merveilleux petits villages de surfeurs, des plages à couper le souffle, des pistes de hiking cachées, etc.
Nez à nez avec bone!
Côté pêche, les premiers jours sont très difficiles. Les habitants d’Hawaii sont de fervents amateurs de poissons. La remise à l’eau n’est pas monnaie courante. En effet, les locaux pêchent presque exclusivement pour se nourrir. De ce fait, les stocks de poissons côtiers sont très bas. Toutefois, les poissons se trouvant sur les flats, carangues et bonefish, sont souvent de taille impressionnante. Après quelques sorties infructueuses, c’est dans un parc en banlieue d’Honolulu que je me retrouve enfin nez à nez avec mon premier bonefish. Le poisson est de taille considérable. Mon cœur bat très fort. Je lui lance mon offrande… et le poisson ne la regarde même pas. Un peu déçu, je retourne explorer le grand flat que je pêche à vue. À Hawaii, les moucheurs utilisent deux techniques afin de déjouer les bonefish : le blind casting et le sight fishing. La technique la plus efficace consiste à lancer à l’aveugle (blind casting) dans les petites pochettes d’eau plus profonde. Pour les puristes, la seule technique est de pêcher à la vue (sight fishing) et de lancer la mouche directement sur un poisson en train de se nourrir. En tant que débutant, je tente les deux techniques.
Lors de la même sortie de pêche, j’ai la chance de connecter avec mon premier bonefish lors d’un lancer à l’aveugle. La rencontre fut de très courte durée. En effet, le poisson me surprend complètement et casse mon avançon avec une violence indescriptible.
Malgré mes efforts, ce fut très long avant de rencontrer à nouveau un bone. Pour vous mettre en contexte, certains moucheurs locaux m’ont confié que plusieurs d’entre eux avaient attendu plusieurs années avant de réussir à prendre leur première torpille argentée.
Le spot secret et les rencontres inoubliables
Après plusieurs jours sans avoir vu un fantôme des flats, mon moral est bas. Constatant mes insuccès, mon ami Andrew, un jeune local passionné de pêche à la mouche, m’invite à venir pêcher avec lui dans un spot secret. Cette partie de pêche fut remplie d’émotions, j’ai eu des chances sur trois beaux poissons. Malheureusement, ma nervosité m’a empêché de placer ma mouche au bon endroit au bon moment.
C’est une semaine plus tard que ma chance tourne. Le guide Mike Hennessy me contacte pour me reconfirmer notre pêche du 24 mai. Excité, j’attends cette journée avec impatience. Dans les jours précédents ma sortie avec Mike, je réussis à voir des bonefish de très près. Toutefois, le manque de subtilité me joue des tours et à tout coup les poissons disparaissent en un éclair dès que je tente de lancer ma mouche.
Le matin du 24 mai 2016 est un moment qui restera marqué dans ma mémoire pour toujours. C’est à 5 h 30 du matin que je fais la rencontre du Capitaine Mike et de son ami Marty, un surfeur professionnel à la retraite qui est à la recherche de son premier bonefish à la mouche en 4 ans d’efforts. Après quelques blagues pour faire tomber la gêne, le capitaine Mike amène Marty et moi pêcher sur l’un des meilleurs flats à gros bone du monde. À peine débarqué de l’embarcation, je vois une énorme queue sortir de l’eau. Au premier coup d’œil, j’ai l’impression d’être nez à nez avec un petit requin. En examinant de plus près, je comprends que l’imposante queue appartient à un monstrueux bonefish. Ce moment est définitivement un des moments les plus intimidants de ma carrière de pêcheur. En effet, je ne me sens pas de taille face à un poisson-trophée aussi difficile à capturer. Le poisson se trouvant à une distance de lancer raisonnable, je tente tout de même ma chance. Le poisson refuse l’offrande. Je tente ma chance quelques fois et rien ne se passe. Déçu, je m’imagine que le poisson est parti. Je décide donc de partir explorer le flat. J’ai à peine décollé ma botte du fond de l’eau que l’immense fantôme réapparait apeuré par ma présence. J’ai raté ma chance… Pendant ce temps, Mike est au loin. Peu de temps plus tard, il revient vers moi avec un superbe bonefish de 10.5 livres au bout de sa ligne. Un super poisson qui lui permet pour la première fois de sa vie de faire partie du club des 10 plus! Il est très heureux. Après quelques dizaines de minutes de pêche infructueuse sur le flat, Mike nous offre d’aller pêcher en embarcation. Après deux bones d’échappés pour Marty, c’est à mon tour d’être au bout du bateau afin de tenter de prendre un poisson. C’est sur un lancer de 80 pieds que je réussi enfin à faire mordre un bonefish à ma mouche. À peine ferré, le rapide poisson m’amène déjà dans mon backing. Le feeling est incroyable, je jubile. Une run de 300 verges… wow! Quel poisson!
Ce poisson est le seul bonefish que j’ai attrapé à Hawaii et j’en suis très heureux. Bien plus qu’un simple poisson, ce bonefish est la représentation symbolique du bonheur du jeune moucheur aventurier que je suis. Il est la raison qui me pousse à sortir de ma zone de confort et qui me permet de vivre des dizaines de situations exigeant des efforts et me faisant grandir comme être humain.
Tout comme Sullivan, faites partie de la famille et devenez membre de la Fédération québécoise des chasseurs et des pêcheurs.
Obtenez votre certificat du chasseur : Sécurité nature est le seul organisme responsable de la diffusion des cours du Programme d’Éducation en Sécurité et en Conservation de la Faune (PESCOF) menant à l'obtention du certificat du chasseur.