Une initiation remplie d'émotions !

 

Marie-Claude Landry nous raconte sa première chasse à l'orignal

 

Ma carrière de chasseuse à l’orignal a débuté en 2005 lorsqu’un collègue de travail m’a proposé d’intégrer leur groupe de chasseurs. Tout excitée, j’ai accepté sur le champ de faire partie de la gang de chasse! Ayant déjà récolté un ours noir sur la Côte-Nord et un caribou en hiver à la Baie James, j’étais déjà bien confiante de pouvoir récolter notre roi des forêts!

 

 

Je me suis donc attelée à apprendre les rudiments du « call ». Oh là, là, vais-je réussir à attirer une bête avec cette tonalité nasillarde de débutante? Je me pratiquais partout, dans mon auto, dans ma douche, et ce, en secret pour que personne ne m’entende!

 

Arriva le jour fatidique du départ! Mes trois compagnons et moi chassions dans la réserve faunique des Laurentides. Pour nous rendre sur le territoire qui nous avait été désigné, nous devions rouler environ une dizaine de minutes. Le premier matin, au lever du jour, un petit buck est sorti dans le chemin, juste en face de nous! En grande chasseuse débutante que j’étais, le cœur voulant me sortir de la poitrine, je n’ai pas été capable de charger mon arme correctement, les balles se coinçaient dans la chambre. Même avec un petit « onnff » qui a stoppé l’orignal quelques instants, mon inexpérience m’a joué un vilain tour!

 

Les deux autres journées qui ont suivi ont été vaines, rien vu, rien entendu malgré tous nos efforts. Le troisième matin, bien assise dans ma cache sur le bord d’un lac, un peu dans la lune, quand tout à coup, à l’autre bout du lac, apparut un point noir que je n’avais pas encore vu en faisant mon guet. J’ai pris mes jumelles et j’ai finalement compris qu’un orignal se dirigeait dans ma direction! Oh là, là… j’ai dû avoir une conversation avec moi-même, car aucun membre de mon corps ne répondait plus à aucune commande de mon cerveau. Mes jambes tremblaient tellement que je n’étais pas capable de regarder dans mon télescope. Heureusement, la bête qui n’avait aucune connaissance de mon état d’esprit continuait d’avancer dans les joncs en se nourrissant.

 

Après ces longues minutes de tremblement incontrôlables, mon cerveau et ma respiration ont repris du service, ce qui m’a aidée à me calmer. Tout en discutant avec moi-même, je l’ai laissé avancer jusqu’à une distance évaluée à 500 pieds. Sans le savoir, il a pris la position parfaite pour recevoir mon projectile en plein dans sa zone vitale, mais ça, je l’ai compris que plus tard, car sur le coup, il s’est levé sur ses deux pattes arrières et s’est remis à marcher !! Étant certaine d’avoir raté mon tir, j’ai retiré deux coups sans avoir de cible fixe, et enfin, il est tombé! Le tremblement de mes membres a repris de plus belle; j’ai tué mon premier orignal!

 

La sensation ressentie est difficile à expliquer, bien sûr de l’excitation, mais d’avoir perdu momentanément le contrôle de mon corps dû à l’adrénaline a aussi été une expérience en soi! Le code que nous nous étions donné, mes partenaires et moi, étaient de tirer trois coups de feu un à la suite de l’autre pour aviser que nous avions un orignal à terre.

 

Bon, je fais quoi maintenant? Nous n’avions pas de moyen de communication pour nous rejoindre, mis à part les trois coups de feu. J’ai tout d’abord tenté de retourner la chaloupe au bord de la rive, mais sans succès, elle était trop lourde pour mes bras encore sous le choc! Il me restait donc à retrouver un de mes partenaires qui devait chasser pas très loin. Carabine sur l’épaule, criant son nom en marchant, j’ai dû faire 7 km avant d’entendre sa voix!!! Il n’était pas là où je le croyais!

 

En revenant au lac où gisait mon orignal, un heureux hasard à fait que nos deux autres partenaires, qui avaient décidé d’aller explorer l’autre partie de notre territoire accessible en canot ont entendu mes nombreux coups de feu et sont arrivés! Boussole en main, ils ont déduit que le bruit provenait de notre territoire.

 

Après les félicitations d’usage, système « D » en mode actif, nous devions aller récupérer la bête à l’autre bout du lac. Deux gars dans la chaloupe et l’autre dans un canot avec moi, nous nous sommes rendus sur les lieux. Quelle surprise de voir qu’après tout ce temps que nous avions mis à le rejoindre, l’orignal flottait dû au gonflement de sa panse! Le rapporter à la rive a été presqu’un jeu d’enfant!

 

 

La fête qui a suivi le débitage au chalet a été tout aussi mémorable! Que de plaisir de partager avec des amis ces émotions, cette excitation du premier orignal! Ce sont des moments qui sont gravés à jamais dans mes souvenirs! Aujourd’hui, après 12 saisons de chasse à l’orignal, je peux être fière d’avoir récolté 6 orignaux!

 

       

 

 

 

Marie-Claude Landry

Technicienne de la faune de formation, Marie-Claude Landry baigne dans la chasse et la pêche depuis son plus jeune âge. Aujourd'hui représentante pour des compagnies de chasse, de pêche et de plein air, elle poursuit la pratique de ces activités avec ses enfants! Ses axes d’intérêts sont en autres, la course à pied, le tir aux pigeons d'argile et la pêche à la mouche.