Notre site utilise des cookies pour améliorer votre expérience de navigation. En continuant à utiliser ce site, vous acceptez notre utilisation des cookies conformément à notre politique de confidentialité.

La moule bleue

Profession : ingénieure

 

Ce portrait faunique a été créé par la récipiendaire d'une bourse Pierre-Latraverse offerte par la fondation Héritage faune : Charlotte Carrier Belleau. La moule bleue était partie intégrante de son sujet d'étude pour lequel elle a reçu une bourse et qui visait à identifier l’effet de l’interaction de facteurs humains sur les réponses écologiques et indices de santé de deux mollusques typiques de l’estuaire et du golfe Saint-Laurent.

 

 

Une espèce typique du Saint-Laurent… et d’ailleurs

La moule bleue (Mytilus edulis), ou moule commune, est une espèce qu’on retrouve abondamment dans le fleuve Saint-Laurent, ainsi que dans la plupart des eaux polaires et tempérées. Elle est présente le long de la côte américaine jusqu’en Caroline du Nord et même de l’autre côté de l’océan Atlantique, sur les côtes européennes.

 

Elle crée son propre habitat

En plus de sa répartition impressionnante à travers le monde, la moule bleue occupe un ensemble d’habitats diversifiés. Elle peut vivre dans un estuaire peu profond et peu salé, (eau saumâtre) ou s'accommoder des profondeurs marines où la salinité est élevée. Cependant, les estuaires, les baies et les régions côtières sont les milieux les plus favorables pour la moule bleue. En effet, c’est dans ces habitats que prolifère sa principale source alimentaire : le phytoplancton.

 

Sur la côte, dans l'espace entre les limites supérieures et inférieures des marées, les moules s’assemblent afin de créer leur propre habitat : les bancs de moules.

 

Son importance écologique : une espèce « ingénieure »

La moule bleue est souvent décrite comme une espèce « ingénieure », par sa capacité à créer des structures en bancs qui ont des effets importants sur l’écosystème. Par exemple, les coquilles pleines et vides dans les bancs de moules augmentent la complexité et la diversité des habitats, ce qui attire d'autres espèces. Ces dernières utilisent les coquilles comme refuge contre les variations de température, les vagues, ou encore les prédateurs.

 

Les bancs de moules favorisent également le dépôt sédimentaire ; cette augmentation de sédiments transformera l’habitat pour le rendre favorable à d’autres espèces, notamment les vers.

 

Finalement, la moule bleue a la capacité à filtrer les nutriments et la matière organique en excès dans l'eau. La filtration par les moules du planton et des matières organiques augmente la pénétration de la lumière dans l’eau. Cela favorise donc le passage d’un système riche en nutriment où prolifèrent de nombreux végétaux et bactéries à un système très diversifié et productif.

 

 

Attention : Cueillette interdite ! 

Lorsqu’on se promène sur les berges du Saint-Laurent, nous apercevons souvent les bancs de moules très près de nous. Vous êtes-vous déjà demandez s’il est possible d’en cueillir ? Il fut un temps où cela était possible, mais depuis plusieurs années, la cueillette des mollusques est interdite dans le Saint-Laurent, et ce, pour deux raisons : des enjeux de conservation de la ressource ainsi que des enjeux de salubrité.

 

Tout d’abord, vu l’importance écologique des moules, il est préférable d’éviter la cueillette afin de ne pas perturber l’équilibre des habitats que forment les moules et de ne pas mener à la disparition de l’espèce.

 

Deuxièmement, puisque les moules s’alimentent en filtrant l’eau, elles ont une grande capacité à accumuler des contaminants chimiques et biologiques dans leur chair, ce qui représente un risque élevé pour les consommateurs. Parmi ces contaminants, on retrouve les coliformes fécaux qui peuvent mener à des intoxications s’apparentant à une gastro-entérite. D'autres contaminants ont des conséquences beaucoup plus graves pour l'humain en causant des intoxications amnésiantes, paralysantes ou diarrhéiques. Bref, de quoi convaincre d'éviter la cueillette des moules ! 

 

 

Le saviez-vous ?
  • Mytilus edulis et Mytilus trossulus sont deux espèces différentes qui vivent dans le fleuve, mais la seule façon de les distinguer est de faire des analyses génétiques. C’est pourquoi nous utilisons généralement le terme Mytilus spp., qui englobe les deux espèces.
  • La surface des coquilles de la moule bleue est finement striée de façon concentrique. Grâce à ces stries de croissance, c’est possible d’évaluer l’âge d’une moule et obtenir des informations sur des évènements climatiques du passé.
  • Les prédateurs de la moule bleue varient d’un endroit à l’autre, mais plusieurs groupes d’animaux se nourrissent de cette espèce : étoiles de mer, poissons de fond, oiseaux, crustacés (crabe, homard) et certains mammifères comme le phoque.
  • Les moules sécrètent un réseau de fibres protéiques appelé byssus qui leur permet de s’ancrer à différentes surfaces en milieu naturel. Ces fibres possèdent une combinaison de résistance et d’extensibilité incroyable. Ces polymères pourraient ultimement servir de substitut aux polymères pétrochimiques afin de réduire l’exploitation pétrolière.

 

Contenu produit par Charlotte Carrier Belleau